J’avais envie de vous dire deux mots sur un film remarquable (et remarqué), qui s’inspire d’un film encore meilleur que j’aimerais vous recommander.
En 2006, Martin Scorses sort un film applaudi par la critique et le public, sous le titre “Les Infiltrés” (titre US : “The Departed”). Un film réalisé par un des maitres du cinéma américain, avec des acteurs vedettes tels que Léonardo DiCaprio, Matt Damon ou Jack Nicholson et un scénario en béton. Même à l’époque, ce n’est un secret pour personne que ce film n’est autre qu’un remake, à la sauce Yankee, du formidable film chinois “Infernal Affairs” (sorti en 2002). Et sans grosse surprise, ce film est un énorme succès.
Pourtant, dès le titre, le spectateur avisé peut sentir que le remake sera un peu moins bon, un peu moins riche. Le nouveau titre est moins subtil, plus américain. Il ne fait plus sentir tout le poids de l’enfer policier et de l’univers des triades : le titre original chinois (“Mou gaan dou” en cantonais, “Wu Jian Dao” en mandarin) signifie quelque chose comme “le dernier cercle des enfers” (celui dont on ne revient pas, et d’où l’on ne peut plus se réincarner), et le titre anglais pour l’export et Hong Kong (“Infernal Affairs”) joue aussi sur les mots entre l’enfer et la police des polices.
Martin Scorsese ne s’y est pas trompé, le film original est un vrai chef d’oeuvre. Alors pourquoi a-t-il voulu le refaire ? Encore s’il avait voulu juste s’en inspirer pour en faire un autre grand film, on aurait peut-être eu droit à quelque chose de brillant. Mais là, pour tous ceux qui ont vu les deux films, il est évident que Scorsese n’a rien ajouté de particulier. Il a juste transposé l’intrigue de Hong Kong à Boston, et gagné 4 Oscars (en autres récompenses) avec un remake qui fait pale figure par rapport à l’original. 4 Oscars pour ça, je vous laisse imaginer ce que vaut “Infernal Affairs” ! Et je vous invite à retrouver l’émotion originale en allant voir de toute urgence ce film.
On montre souvent du doigt la Chine pour les contrefaçons, et l’ironie est dans ce cas précise que l’original chinois est bien meilleur. Le casting n’y est pas moins riche : Andy Lau et Tony Leung sont deux monstres sacrés du cinéma de Hong Kong et les second rôles sont aussi joués avec brio. Le scénario est diabolique et haletant, et le film a lui aussi gagné un nombre de récompenses impressionnant. Même la musique est remarquable, et je parie que la classique chanson chinoise que les deux héros écoutent ensemble lorsque leurs chemins se croisent dans un magasin de Hi-Fi vous restera dans la tête longtemps après le film.
En deux mots, le scénario peut se résumer à un agent de police infiltré dans une des triades de Hong Kong, et une taupe de la triade au sein de la police de Hong Kong jouent au chat et à la souris. Chacun essayant de devancer l’autre pour découvrir qui est la taupe dans son propre camp et chacun essayant de garder le contrôle de sa double vie et de ne pas laisser ses os dans cette guerre sans fin entre la police et les triades.
Si comme moi, vous prenez le temps de voir l’original avant le remake, vous serez probablement déçu par la récupération maladroite de certains détails dans le remake qui font toute la richesse du scenario original. Des détails qui ont tout leur sens à Hong Kong mais ne riment plus à grande chose à Boston. Et sans vous dévoiler la fin, j’espère que vous ne serez pas aussi consternés que moi devant la demi happy-end (obligatoire aux USA ?) des “Infiltrés”. Une fin infiniment moins réussie que la fin originale (allez la découvrir !!)
Je ne veux pas laisser ma déception après avoir vu le remake vous gâcher le plaisir. Alors, je vous en prie, courez voir “Infernal Affairs”. Que vous ayez vu le remake ou non, vous allez adorer ce film.